Tout être organisé, pour conserver la liberté et
la sûreté de ses mouvements, est astreint à observer
la loi de l'équilibre. Le cheval monté, plus que tout
autre animal, est soumis à cette loi, car non-seulement
il doit calculer ses mouvements par rapport
à sa propre masse, mais le poids additionnel de son
cavalier tend à déranger constamment son équilibre
naturel.
L'importance majeure d'équilibrer le cheval a été
vivement sentie par le monde équestre : aussi tout
écuyer se pique d'honneur et veut trouver le secret
de ce noeud gordien.
Dans notre xixe
siècle, où toutes choses doivent
être traitées scientifiquement, il est tout naturel
qu'on ait demandé à la science le secret de l'équi
libre. La science a répondu par un problème : —
Pour équilibrer votre cheval, cherchez son centre
de gravité.
Cette réponse n'a pas manqué d'exciter une noble
ardeur. Tout le monde s'est mis à l'oeuvre. On
cherche le centre de gravité partout, toujours ,
mais on ne le trouve pas. Des contradictions sans
nombre surgissent chaque jour, les discussions s'enveniment,
les traités d'équitation tournent au pamphlet,
les découvertes restent nulles et le centre de
gravité continue à se promener dans le domaine
dont on l'a fait seigneur et maître. Un si grand
personnage devrait cependant n'être pas introuvable,
eu égard aux limites restreintes qui le renferment.
Combien d'écuyers ont usé leur persévérance à
cette vaine recherche ! Mais aussi, qui n'aurait voulu
connaître la solution d'un problème qui, d'un seul
coup, tranchait les difficultés de l'équitation en
donnant l'équilibre du cheval ?
La science avait parlé ; comme tout le monde,
je crus à son oracle.
Me voilà donc livré, pendant des années entières,
à des recherches journalières.
Résultats nuls ! Ceux de la veille étaient contredits
par ceux du lendemain.
Fallait-il donc, cependant, parce qu'il plaisait au
centre de gravité de voyager incognito, laisser le
cheval et son cavalier exposés aux dangers qu'entraîne
le défaut d'équilibre !
Pour m'aider dans mes recherches, je m'adressais
aux écuyers-auteurs. Ils mettaient une grande
érudition à m'expliquer le déplacement du centre
de gravité, quand, par exemple, une jambe se porte
en avant, suivie de la jambe diagonalement opposée;
ou bien quand le rassembler s'opère, ou quand le
cheval se cabre, rue, etc.
Il est là, disait l'un ; non, je le vois de ce côté,
disait l'autre ; et ces vaines discussions se continuent
encore parce que l'on ne veut pas remonter aux
causes premières, et que les effets absorbent l'attention
générale.
On étudie la manière d'être du centre de gravité.
Pourquoi? Je l'ignore. En saine pratique, n'avonsnous
pas le poids du cheval à répartir et sa force
à coordonner? N'avons-nous pas à combiner les
forces opposées du cavalier (main et jambes)? Si
nous nous rendons compte des effets de ces divers
agents, et si nous en tirons le parti convenable,
nous arriverons à notre équilibre, sans avoir à nous
préoccuper du centre de gravité.
Messieurs les théoriciens, préparez vos anathèmes!
je vais porter une main profane sur le dieu de vos
rêves et briser votre idole, après avoir, il est vrai,
dans mon ignorance, brûlé sur son autel un inutile
encens.
Votre centre de gravité ne donne, n'entraîne, ni
ne produit rien.
11 existe incontestablement, mais à l'état de passiveté.
Vous voulez l'ériger en cause, il n'est qu'effet.
Quelle que soit votre opinion à son égard, il fonctionnera
toujours dans le même ordre : bien, si
votre mouvement est juste ; mal, si votre mouvement
est irrégulier.
Pourquoi donc, à propos d'équitation, avoir sans
cesse à la bouche des mots scientifiques, sonores il
est vrai, mais vides de sens et propres, tout au plus,
à retarder les progrès de l'art, par l'obscurité qu'ils
répandent sur les théories?
Tenez, messieurs, abandonnez simplement le
centre de gravité aux influences qui le gouvernent,
et cessez les discussions qu'il excite depuis trop
longtemps. Au lieu d'enfourcher un nuage pour chevaucher
à la recherche d'une idée aussi introuvable
qu'inutile, montez un vrai cheval, et probablement
vous approuverez les principes que je vais appliquer
à l'obtention et au maintien de l'équilibre du
cheval
la sûreté de ses mouvements, est astreint à observer
la loi de l'équilibre. Le cheval monté, plus que tout
autre animal, est soumis à cette loi, car non-seulement
il doit calculer ses mouvements par rapport
à sa propre masse, mais le poids additionnel de son
cavalier tend à déranger constamment son équilibre
naturel.
L'importance majeure d'équilibrer le cheval a été
vivement sentie par le monde équestre : aussi tout
écuyer se pique d'honneur et veut trouver le secret
de ce noeud gordien.
Dans notre xixe
siècle, où toutes choses doivent
être traitées scientifiquement, il est tout naturel
qu'on ait demandé à la science le secret de l'équi
libre. La science a répondu par un problème : —
Pour équilibrer votre cheval, cherchez son centre
de gravité.
Cette réponse n'a pas manqué d'exciter une noble
ardeur. Tout le monde s'est mis à l'oeuvre. On
cherche le centre de gravité partout, toujours ,
mais on ne le trouve pas. Des contradictions sans
nombre surgissent chaque jour, les discussions s'enveniment,
les traités d'équitation tournent au pamphlet,
les découvertes restent nulles et le centre de
gravité continue à se promener dans le domaine
dont on l'a fait seigneur et maître. Un si grand
personnage devrait cependant n'être pas introuvable,
eu égard aux limites restreintes qui le renferment.
Combien d'écuyers ont usé leur persévérance à
cette vaine recherche ! Mais aussi, qui n'aurait voulu
connaître la solution d'un problème qui, d'un seul
coup, tranchait les difficultés de l'équitation en
donnant l'équilibre du cheval ?
La science avait parlé ; comme tout le monde,
je crus à son oracle.
Me voilà donc livré, pendant des années entières,
à des recherches journalières.
Résultats nuls ! Ceux de la veille étaient contredits
par ceux du lendemain.
Fallait-il donc, cependant, parce qu'il plaisait au
centre de gravité de voyager incognito, laisser le
cheval et son cavalier exposés aux dangers qu'entraîne
le défaut d'équilibre !
Pour m'aider dans mes recherches, je m'adressais
aux écuyers-auteurs. Ils mettaient une grande
érudition à m'expliquer le déplacement du centre
de gravité, quand, par exemple, une jambe se porte
en avant, suivie de la jambe diagonalement opposée;
ou bien quand le rassembler s'opère, ou quand le
cheval se cabre, rue, etc.
Il est là, disait l'un ; non, je le vois de ce côté,
disait l'autre ; et ces vaines discussions se continuent
encore parce que l'on ne veut pas remonter aux
causes premières, et que les effets absorbent l'attention
générale.
On étudie la manière d'être du centre de gravité.
Pourquoi? Je l'ignore. En saine pratique, n'avonsnous
pas le poids du cheval à répartir et sa force
à coordonner? N'avons-nous pas à combiner les
forces opposées du cavalier (main et jambes)? Si
nous nous rendons compte des effets de ces divers
agents, et si nous en tirons le parti convenable,
nous arriverons à notre équilibre, sans avoir à nous
préoccuper du centre de gravité.
Messieurs les théoriciens, préparez vos anathèmes!
je vais porter une main profane sur le dieu de vos
rêves et briser votre idole, après avoir, il est vrai,
dans mon ignorance, brûlé sur son autel un inutile
encens.
Votre centre de gravité ne donne, n'entraîne, ni
ne produit rien.
11 existe incontestablement, mais à l'état de passiveté.
Vous voulez l'ériger en cause, il n'est qu'effet.
Quelle que soit votre opinion à son égard, il fonctionnera
toujours dans le même ordre : bien, si
votre mouvement est juste ; mal, si votre mouvement
est irrégulier.
Pourquoi donc, à propos d'équitation, avoir sans
cesse à la bouche des mots scientifiques, sonores il
est vrai, mais vides de sens et propres, tout au plus,
à retarder les progrès de l'art, par l'obscurité qu'ils
répandent sur les théories?
Tenez, messieurs, abandonnez simplement le
centre de gravité aux influences qui le gouvernent,
et cessez les discussions qu'il excite depuis trop
longtemps. Au lieu d'enfourcher un nuage pour chevaucher
à la recherche d'une idée aussi introuvable
qu'inutile, montez un vrai cheval, et probablement
vous approuverez les principes que je vais appliquer
à l'obtention et au maintien de l'équilibre du
cheval
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